Expérimenter l’urbanisme participatif à Sfax

La révolution de 2011 a induit des bouleversements sociaux et politiques en Tunisie, notamment en termes de gestion urbaine où l’on observe une dégradation importante de l’action publique.
L’atelier de projet mis en place en 2014 propose des axes d’action dans l’élaboration de micro-projets à Sfax, spécifiques aux différentes thématiques abordées. Il s’agit également de développer des processus participatifs sous le prisme de la transversalité.
Les six thématiques proposées portent sur les espaces de sociabilité, l’agriculture urbaine, l’accessibilité, la gestion des déchets, le port et la pêche ainsi que les transports. Elles englobent tous les enjeux qui grèvent actuellement l’espace sfaxien. Travailler sur des micro-projets construits avec et par les acteurs locaux est une manière d’apporter une petite pierre à l’édifice de la coopération entre Sfax et Grenoble
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’introduction et la méthodologie de travail ici.
- Espaces de sociabilité
Le projet « espaces et sociabilité » permet de comprendre les usages, les fonctions de ces espaces afin d’élaborer des pistes d’action en collaboration avec une multitude d’acteurs.
La ville de Sfax ne dispose pas d’un grand nombre d’espaces publics « historiques ». Cette ville industrielle laisse peu de place aux activités de loisirs contrairement aux autres villes de Tunisie. Pourtant, la demande d’espaces verts et de loisirs est importante.
L’étude s’est portée sur deux espaces urbains : le « 100 mètres » ainsi que le « jardin de la famille et de l’enfant ». Le « 100 mètres » est un lieu de passage, peu fréquenté en particulier la nuit du fait de sa morphologie qui provoque un sentiment d’insécurité chez les habitants. L’enjeu est de résoudre le déséquilibre jour/nuit. Les préconisations retenues ont porté sur la piétonisation des rues, la visibilité des évènements culturels la nuit par la mise en place de panneaux d’information. Par ailleurs, le « jardin de la famille et de l’enfant » peu connu et mal perçu par les habitants fait l’objet, dans les années 2000, d’une politique de revalorisation par les pouvoirs publics. Or, le projet ne s’est pas entièrement réalisé faute de moyens financiers pour le développer et l’entretenir. La réhabilitation du mobilier urbain, la reconversion des espaces vides, un travail sur la question de l’accessibilité ainsi que la mise en valeur du patrimoine architectural sont autant de stratégies retenues pour valoriser ce potentiel espace de sociabilité.
Le lancement du projet « Renforcement de la participation citoyenne dans la gouvernance locale à Sfax » a permis de renforcer le rôle des citoyens et la collaboration entre les différents acteurs par l’animation et la gestion des espaces publics.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “Espaces de sociabilité” dans son intégralité ici.
- La gestion des déchets
L’étude de la gestion des déchets à Sfax permet de comprendre de quelle manière s’organise la population pour pallier le manque des services publics. L’analyse de la situation sfaxienne fait émerger l’idée qu’il est nécessaire de mettre en place un système d’écologie territorial favorisant le recyclage, le bouclage des flux.
L’enquête de terrain porte sur deux espaces urbains : le quartier Werguemma ainsi que la Médina.
Dans le quartier de Werguemma, la collecte des déchets ne se fait pas de manière régulière et les lieux de dépôt des déchets sont difficilement identifiables. Face à l’absence des services publics dans la gestion des déchets, les habitants s’organisent afin de prendre le relais. Quant à la Médina, la gestion des déchets est rendue difficile en raison de la morphologie particulière du site ; les ruelles sont étroites avec un dénivelé.
Pour ces deux espaces, des projets ont été lancé afin de répondre au besoin d’une meilleure gestion et d’une meilleure concertation entre les acteurs. L’école Al Harriya lance le projet « 1…2…3 triez » afin de sensibiliser les habitants et les enfants au tri. Le projet « Pas à pas dans la Médine » tente de favoriser la concertation entre les acteurs pour une meilleure gestion des déchets dans la ville de Sfax.
Au-delà de la gestion des déchets, il s’agit d’abord de sensibiliser la population et les différents acteurs au tri et au recyclage. La mise en œuvre des projets d’écologie territoriale n’est possible que par un « appareillage participatif important ».
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “La gestion des déchets” dans son intégralité ici.
- Agriculture urbaine
Historiquement, la ville de Sfax a une activité maraîchère importante. L’étalement urbain ne cesse de s’accroître et met à mal les espaces agricoles, menacés par une forte pression foncière.
L’enjeu de cet atelier est d’ « activer la préservation des espaces d’agriculture urbaine et ceux qui y sont liés, en développent une stratégie d’agritourisme urbain comme levier ».
La majorité des terres appartenant aux agriculteurs font partie de l’héritage familial. Le développement de l’agriculture urbaine est un moyen et un argument pour permettre aux agriculteurs d’accroître leurs revenus. Le projet a pour objectif d’intégrer l’activité de ces agriculteurs dans les circuits courts de consommation en collaboration avec les infrastructures touristiques. Pour cela, l’idée est d’optimiser le transport entre lieux de production et lieux de consommation, garantir un approvisionnement régulier pour les agriculteurs et faciliter la collaboration entre les différents acteurs.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “Agriculture urbaine” dans son intégralité ici.
- Accessibilité et handicap
Si en Tunisie, les personnes en situation de handicap ne sont pas prises en compte dans l’application et le développement des politiques des villes, il existe une quarantaine de structures engagées dans ce domaine. Entrer en relation avec les associations sur les besoins des personnes en situation de handicap qui sont souvent isolées de l’espace public, « en archipel », ne se déplaçant que d’un espace restreint adapté à un autre. Pour confronter les acteurs de l’aménagement urbain aux difficultés rencontrées par ses personnes, des parcours commentés ont été organisés avec des jeunes en situation de handicap, les accompagnateurs et des membres du service Espaces Verts de la municipalité de Sfax notamment. Le lieu choisi pour ce micro-projet est le parc Touta, lieu déjà investi lors des sorties organisées par ces associations. Si aucun engagement n’est pris, cet atelier est un premier pas qui permet une prise de conscience de cet enjeu par la municipalité.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “Accessibilité et handicap” dans son intégralité ici.
- Ports de Sfax
Cette thématique exemplifie le revirement de direction que peut provoquer l’enquête de terrain sur les enjeux identifiés à l’avance. En effet, si l’idée initiale concernait la valorisation des espaces portuaires dans la liaison avec la ville, le micro-projet s’est ensuite recentré autour de Chott el Krekna, la « corniche », en front de mer proche du centre et sur le chemin de la zone portuaire. Espace dual, entre sociabilité et insécurité, aménagé mais peu entretenu, qui est aussi perçu comme une zone potentielle d’animation et de rencontre pour les personnes qui le fréquente. C’est aussi un lieu carrefour où se croise différents projets à grande échelle et qui se retrouve dans un complexe filet de jeu d’acteurs. La richesse de son histoire est aussi évoquée et mise en contexte dans celle faite des différents ports de Tunisie.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “Ports de Sfax” dans son intégralité ici.
- Transports
Pour créer une complémentaire et un nouveau regard sur les transports, il ne sera pas question de micro-projet dans cette thématique mais d’une analyse sensible du vécu des transports sous support d’un film. Cela permet une immersion à la fois sonore et guidée par quelques paroles d’usagers dans le centre de Sakiet Ezzit qui nous montre, via des time lapses l’effet barrière engendré par la route le traversant. Cette immersion reflète aussi les différents comportements et pratiques de mobilités (traversée des piétons, taxis, congestion, arrêt de bus) et leur organisation informelle dans l’espace.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter “Transports” dans son intégralité ici.
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